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Coronavirus et comportement, l'enjeu de la résilience

L’anxiété voire l’angoisse suscitées par l’épidémie de coronavirus a clairement entrainé des comportements qui renvoient à notre cerveau « primitif ».
Les façons de réagir dans cette posture mentale sont de 3 ordres :
L’agressivité (voir les réactions dans le métro de toute personne qui ose tousser ou se moucher ou qui a la malchance d’avoir un faciès asiatique)
La tétanisation (voir les rues vides en Italie, pays de la convivialité par excellence)
La fuite (cf. les rayons vides de pâtes ou de conserves dans les supermarchés)
Cette posture de notre cerveau ne peut, en aucun cas, nous permettre de nous adapter à cette situation. Elle nous empêche aussi de développer une capacité individuelle et surtout collective de « résilience », indispensable pour surmonter ce genre de crise.
Pour y parvenir, il nous faut développer un mode mental adaptatif permettant d’accepter le changement et d’agir pour trouver des solutions à la situation à laquelle nous faisons face.
Les 3 clés de ce « bon » mode mental sont centrées sur :
1/ La cognition Autrement dit, la capacité de comprendre ce qui se passe même si la conséquence est l’anxiété que cela va produire. C’est par exemple ce qu’a fait Emmanuel Macron en expliquant que la pandémie était inexorable.
2/ L'engagement au changement Autrement dit, la ou les raisons qui vont nous faire changer de comportement. Cette phase nécessite de donner des éléments globaux et inspirants pour mettre en perspective notre propre situation et nous permettre de sortir de notre angoisse, en nous projetant sur un futur post-crise. Dans le cas présent, cela reviendrait à donner des éléments de comparaison avec d’autres pandémies virales (et montrer comment nous en sommes sortis), ou de produire des scénarios qui nous projettent dans une sortie de crise (sans faire d’angélisme ou de désinformation pour autant). Ou bien encore à montrer comment des gestes individuels de précaution (ex. se laver les mains fréquemment) vont permettre de protéger les autres pour éviter la prophylaxie de la maladie et donc de sortir « ensemble » de la crise (mon comportement, donc mon rôle, devient déterminant dans la capacité collective de sortie de crise).
3/ Le sentiment de cohérence Et notamment dans la perception d’injustice ou de déséquilibre dans la façon de gérer la situation qui, s’il est effectivement perçu, nous renvoie dans des comportements de « sauve qui peut » individualistes ou « d’aquabonisme » (à quoi bon-isme). Sur ce point, le fait que notre système de santé soit capable de prendre en charge toutes les personnes victimes de complications liées au virus, et que ce fait soit reconnu publiquement, va dans le bon sens. Chacun accepte ainsi de suivre les règles définies collectivement, afin de gérer la situation de la manière la plus efficace possible. C’est également un enjeu qui nécessite une mesure et une évaluation régulière de l'évolution de la situation, afin d'objectiver les décisions prises (a fortiori quand elles ont un impact important sur notre quotidien et nos habitudes), rassurer et garder la population informée.
On le voit, cette façon de construire notre résilience nécessite à la fois beaucoup de constance dans l’effort d’explication, d’inspiration, d’action et de capacité à gérer une situation complexe et mouvante dont on ne maîtrise pas toutes les variables.
L’intérêt de cette période difficile que nous vivons va donc être de voir et d’apprendre sur notre capacité à construire de la résilience … ou du chaos, avec en ligne de mire, une autre crise dont nous ne faisons qu’effleurer les conséquences aujourd’hui : la crise climatique. Puissions-nous en tirer des enseignements pour agir maintenant et voir cette prochaine crise comme une opportunité positive de nous réinventer. Il en va tout simplement de l’avenir de nos enfants et de l’humanité… .