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Pourquoi dire que nous sommes en guerre est une double hérésie !!

Avec tout le respect que je dois à notre Président de la République (et beaucoup moins à ses grands communicants qui lui ont écrit son discours du 16 mars dernier), le fait d’avoir répété 7 fois en 15 minutes "Nous sommes en guerre" me semble être une double hérésie, pour ne pas dire plus.
La première hérésie est que la pandémie que nous vivons est très clairement liée à nos comportements. Ils ont entrainé une anthropo-zoonose, autrement dit la transmission d’une maladie ou d’un virus de l’animal à l’homme.
Par cupidité, par goût de l’exotisme, par tradition culturelle fondée sur des croyances infondées, nous avons et nous continuons à ruiner notre biodiversité. Déforestation massive (l’équivalent de la France disparaît tous les 5 ans) et destruction des zones humides (plus de 85% depuis l’ère industrielle), nous mettent en contact avec des animaux jusque-là confinés (!!) dans leur habitat (donc comme on le sait maintenant inoffensifs…).
La mondialisation des échanges absurdes, où un jean fait 60 000 kilomètres pour être produit, a également permis à des virus comme zika de migrer d’Asie pour s’inviter chez nous. C’est bien notre comportement prédateur qui est à l’origine de plus de 2/3 des maladies émergentes : le COVID 19 avec le pangolin, le SRAS avec la chauve-souris ou encore Ebola avec la « viande de brousse ». Nous n’avons pas à être en guerre contre une nature, fusse-t-elle composée de virus, qui ne nous a rien demandée et qui n’a en aucun cas eu une attitude belliqueuse vis-à-vis de nous… mais que nous avons bel et bien provoquée.
La seconde hérésie, de mon point de vue beaucoup plus grave, est cette « posture » guerrière prise par la quasi-totalité de nos dirigeants.
Elle démontre la profondeur de leur incompréhension sur la nécessité absolue de sortir de cette volonté de domination de la nature, dans une vision prédatrice et utilitariste qui prévaut depuis le 19ème siècle.
S’il y a une guerre à mener, passez-moi l’expression, c’est bien celle contre notre propre stupidité. Autrement dit, notre incapacité à comprendre :
Que sur notre (encore) belle petite planète, nous sommes tous liés et dépendants, que ce soit entre les Hommes mais aussi et surtout entre l’Homme et la nature.
Que toutes les recherches récentes en biologie nous montrent aussi bien l’intelligence émotionnelle des plantes que leur étonnante capacité de résilience (un mot devenu très à la mode ces derniers temps…).
Que ces mêmes recherches montrent également à quel point les déséquilibres que nous produisons, en cassant des cycles naturels, des chaines d’interactions entre animaux, végétaux, … entrainent des effets en cascade dont nous ne voyons que le haut de l’iceberg.
Qu’il nous faut sortir de cette civilisation dominante du « sur » (la surpêche, le surtourisme, la surexploitation de l’homme comme des forêts, la surconsommation…) pour passer à une posture faite autant de respect pour les autres comme pour la nature. Nous avons besoin de curiosité et de créativité pour comprendre puis trouver les solutions d’une vie féconde et apaisée, en bonne intelligence avec notre environnement écologique et social. Une posture où la connaissance de nos besoins réels (pas ceux qui nous sont imposées par les réseaux sociaux) doit nous permettre de migrer vers une consommation « rassasiante » qui permet à chacun de s’épanouir sans privation.
S’il y a un exemple dont nous pouvons nous inspirer, c’est celui de l’écosystème d’une forêt : une forêt est 100% circulaire : elle ne produit aucun déchet (quand il n’y a pas d’homme qui s’y promène…). Elle est également 100% fonctionnelle : chaque espèce a une fonction et une utilité (y compris les serpents et les araignées…). Elle est 100% collaborative : même si les espèces se mangent entre elles (par nécessité, pas par cruauté…), elles passent leur temps à collaborer pour se nourrir, s’hydrater, se (co)développer. Enfin, elle est 100% inclusive : aucune espèce n’est abandonnée au bord de la route (ou dans nos couloirs de métro…).
Ces 4 modèles (circulaire, fonctionnel, collaboratif et inclusif) sont ceux que nous utilisons chez Imagin/able pour accompagner les entreprises dans la transition de leur modèle économique. Il serait peut-être pertinent qu’ils soient également utilisés par nos dirigeants politiques pour comprendre comment repenser le rôle des états … et arrêter d’être en guerre !
Pour aller plus loin sur ces sujets, deux articles éclairants :